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attribua aussi la paternité de l’œuvre à Bérenger, l’auteur aujourd’hui oublié de la Morale en action, avec qui la baronne s’était liée pendant un séjour qu’elle fit à Lyon. Mais M. Paul Lacroix a justement publié dans son curieux travail[1] une lettre qu’elle écrivait à Bérenger en 1805, et qui prouve bien qu’il était étranger à la composition et à la rédaction du roman. En voici le passage qui nous intéresse :

« C’est à Lyon que j’achevai Valérie. J’avais entrepris cet ouvrage à Genève, inspirée par les beautés mélancoliques du Léman et de la Grande-Chartreuse. Je vous en lus la moitié. Je fis la même confidence à V… et à Camille Jordan. On me pressa d’achever, et j’achevai ce romanesque et très fidèle tableau d’une passion sans exemple comme sans tache.

« Ce n’est pas le désir d’étaler de l’esprit qui m’a inspiré ces pages, que je crois touchantes, et auxquelles vos journaux daignent accorder quelques éloges. Non, certes : ce qu’il y a de bon dans Valérie appartient à des sentiments religieux que le Ciel m’a donnés, et qu’il a voulu protéger en faisant aimer ces sentiments… Je vois, au reste, par ce succès de ma chérissime Valérie, que la

  1. Madame de Krüdener, ses lettres et ses ouvrages inédits. Paris, Ollendorff, 1880.