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jeta dans le mysticisme, et elle commença a faire à Heidelberg, à Bade, à Carlsruhe, du prosélytisme en faveur de la religion nouvelle dont elle voulait jeter les bases.

Elle revint ensuite à Paris avec les alliés. C’est alors surtout qu’elle eut un salon très suivi, et qu’elle acquit cette grande influence que désormais elle devait mettre exclusivement au service de son mysticisme religieux. Elle fut dans une très grande intimité avec l’empereur de Russie, qui se laissa prendre à son rêve d’une union intime entre la France et la Russie. Aussi Alexandre présenta-t-il solennellement son amie à toute l’armée russe, lors de la grande revue qu’il passa dans les plaines des Vertus, en Champagne[1]. Ce fut l’apogée de l’influence de Mme de Krüdener, et la trop confiante baronne ne tarda pas à éprouver que l’amitié d’un souverain est de celles sur lesquelles on peut compter le moins. Alexandre l’abandonna bientôt, et de cet abandon date pour Mme de Krüdener une existence errante et accidentée dans les péripéties de laquelle nous n’avons pas l’intention de la suivre.

Complètement vouée, dès lors, à une vie d’extase et de prédication, elle arrive d’abord à Bâle, où elle fait tant de prosélytes qu’on est obligé de l’expulser.

  1. Elle a publié, sous le titre le Camp des Vertus, les pensées que lui inspira cette solennité.