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l’empêchent de geler également partout. Le silence de la nuit et de ces eaux enchaînées me faisoit entendre chaque pas des chevaux et laissoit arriver jusqu’à moi le bruit des sonnettes d’autres chevaux de paysans qui regagnoient les hameaux et auquel se mêloit de temps en temps la voix rauque et solitaire de quelques loups de la forêt voisine ; j’en vis un passer devant mon traîneau, il s’arrêta à quelque distance, mais il n’osa m’attaquer.

Quand j’arrivai au presbytère, je vis une quantité de traîneaux dessous le hangar, près de la maison, avec de larges peaux d’ours qui les couvroient et qui me firent juger qu’ils n’appartenoient pas à des paysans ; je trouvai le corridor très éclairé, couvert d’un sable fin et blanc, et jonché de feuilles de mélèze et d’herbes odorantes ; j’eus à peine le temps d’ôter mon énorme vitchoura que la porte s’ouvrit et me laissa voir une nombreuse compagnie. Le vieux pasteur me reçut avec une touchante cordialité ; il se réjouit beaucoup de me revoir. La jeune sœur d’Hélène vint me présenter des liqueurs faites par elle-même et des fruits séchés ; et le vieillard ensuite me fit faire la connoissance d’un jeune homme de bonne mine, en me disant : « Voilà mon gendre futur ; demain il épouse Hélène. » À ces mots, je sentis quelques battemens de cœur. Tu sais combien la jeune Hélène me plut. J’avois été bien près de l’aimer ; et l’idée que ma mère n’approuveroit jamais une union entre elle et moi me donna la force de combattre tout de suite un