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éternisée par la Fable ; la nôtre, disions-nous, le sera aussi, parce que rien de ce qui est grand et beau ne périt. Je me rappelois nos conversations, et je semis mon cœur apaisé. La nature seule unit à sa grandeur ce calme qui se communique toujours, tandis que les plus beaux ouvrages de l’art nous fatiguent quand ils ne nous montrent que l’histoire des hommes.

Je rentrai dans ta chambre ; combien je fus touché, Gustave, en trouvant dans ton bureau ouvert un monument de ta bienfaisance, un fragment de billet : je le copie, afin que ton cœur flétri par le chagrin se repose doucement pendant quelques instants[1].

Gustave, ces lignes achevèrent de m’attendrir ; un besoin inexprimable de te serrer contre mon cœur, qui sait si bien t’aimer, me donnoit une agitation que je ne pouvois calmer, que tout augmentoit dans ce lieu si rempli de ton souvenir. Je descendis dans la grande cour du château ; je traversai ces vastes corridors, jadis si animés par nos jeux et ceux de nos compagnons, maintenant déserts et silencieux ; je passai devant la loge aux renards, et je me rappelai, en voyant ces animaux, le jour où par mon imprudence l’un d’eux te blessa dangereusement. Je saisis les barreaux de la grille, et je les regardai s’agiter et courir çà et là. Hector, ce beau chien danois si fidèle, arriva,

  1. Ce fragment ne s’est pas retrouvé.