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de saule et d’acacia. Valérie fixa ses regards sur la tombe d’Adolphe ; ses larmes coulèrent ; elle leva ses yeux au ciel ; je vis ses lèvres se remuer doucement, son visage s’embellir de piété : elle prioit pour son fils. Des voix célestes se mêlèrent à ce moment d’attendrissement ; les religieuses chantoient de saintes strophes qui arrivoient jusqu’à nous à travers le silence, au moment où le soleil se retiroit lentement, abandonnant la terre et s’éteignant au milieu des vagues, comme la vie de l’homme qui s’éteint, qui paroît tomber dans l’abîme des ténèbres pour en ressortir plus belle et plus brillante.


LETTRE XXVIII

Venise, le…

Le comte veut distraire Valérie de sa douleur : il craint pour sa santé, il trouve qu’elle est maigrie ; il veut, dit-on, hâter son voyage de Rome et de Naples. Il paroît qu’il n’en a point encore parlé à sa femme. C’est mon vieux Erich qui a appris du valet de chambre du comte qu’on faisoit en secret les préparatifs du voyage, afin de surprendre Valérie plus agréablement. Ernest, j’ai parlé souvent avec enthousiasme au comte de cette belle partie de l’Italie, du désir que j’avois de la voir ; eh bien, s’il me proposoit d’être de ce