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rain que Valérie a acheté ; Valérie l’a remerciée ; elle lui a pris la main affectueusement, et lui a dit : « Ma sœur, vous devriez remettre une clef à un de mes gondoliers ; je vous donnerai trop souvent la peine d’ouvrir cette porte. Y a-t-il longtemps que vous êtes dans ce couvent ? a-t-elle ajouté. — Depuis mon enfance. — Vous ne vous y ennuyez pas ? — Oh ! jamais ; la journée ne me paroît pas assez longue. Notre ordre n’est pas sévère. Nous avons de très belles voix dans notre couvent ; cela nous fait rechercher par beaucoup de monde. — — Mais vous ne voyez pas ce monde ? — Je vous demande pardon : nous avons beaucoup plus de liberté qu’ailleurs, et, avec la permission de l’abbesse, nous pouvons voir les personnes qu’elle admet. Les jours de fête, nous ornons l’église de fleurs, nous en cultivons de bien belles ; nous sommes aussi chargées de l’instruction des enfans. — Aimez-vous les enfans ? demanda vivement Valérie. — Beaucoup », répondit la sœur. Dans ce moment la cloche appela la religieuse. Valérie étoit restée à la place où elle nous avoit quittés ; ses yeux la suivirent. « Jamais, dit-elle, elle ne connoîtra la douleur de perdre un fils bien-aimé ! — Ni les peines de l’amour malheureux ! ajoutai-je en soupirant. — Elle paroît si calme ! Mais aussi elle ne connoît pas toutes les félicités attachées au bonheur d’aimer ; et il y en a de si grandes ! Et puis, Gustave, nous reverrons les êtres que nous avons aimés et perdus ici-bas. L’amour innocent,