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perdu cette douce gaieté qui suivit ses premiers transports de bonheur ; la plus profonde mélancolie est empreinte dans ses traits ; ils ont toujours quelque chose qui peint la douleur. En vain le comte cherche à la distraire ; ce qui la calme est justement ce qui la ramène à Adolphe. Elle a acheté un petit terrain qui appartient à des religieuses ; ce terrain est à Lido, île charmante, près de Venise ; c’est là que l’on a enterré le fils de Valérie. Le comte a été profondément affecté de la perte qu’il a faite ; je ne l’ai pas quitté pendant son chagrin. Ma douleur, si véritable, la manière dont je l’exprimois, mes soins assidus, ont touché cet homme excellent. Il m’a témoigné une tendresse si vive ! Je voyois qu’il me savoit gré d’avoir quitté mon genre de vie solitaire. Hélas ! il ne saura jamais combien il m’a fallu de courage pour la fuir, pour lutter contre ces longues habitudes de mon cœur, si douces, si chères ! Je ne serai jamais compris. Toi seul, Ernest, tu pourras me plaindre, concevoir mes douleurs et pleurer sur moi.


LETTRE XXVI

Venise, le…

Explique-moi, Ernest, comment on peut n’aimer Valérie que comme on aimeroit toute autre femme. Hier je me promenois avec le comte,