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m’avoit données le petit messager de Valérie. Vers les neuf heures du soir, après qu’on eut quitté la table et qu’elle eut pris un peu de repos, on proposa une promenade, on prit des flambeaux, et toutes les voitures partirent. Rien n’étoit joli comme cette suite d’équipages et ces flambeaux qui jetoient une vive clarté sur la verdure des haies et sur les arbres furtivement éclairés. Valérie ne savoit pas où elle alloit, et sa surprise fut extrême quand on la fit descendre à Sala : elle trouva les jardins éclairés, une musique délicieuse la reçut. Je me trouvai à l’entrée du jardin, car je l’avois devancée, et je lui présentai la main pour la conduire à la salle du bal. « Qu’est-ce donc que tout cela ? me dit-elle. — C’est Valérie qu’on voudroit fêter ; mais qui peut réussir à exprimer tout ce qu’elle inspire, et quelle langue lui diroit tout ce qu’on sent pour elle ?… » La comtesse regardoit autour d’elle avec ravissement.

Nous arrivâmes à la salle ; elle étoit spacieuse, et tout le monde fut charmé de voir remplacer ces jardins éblouissans de lampions par un clair de lune, d’après Voléro. La musique se tut, les portes se fermèrent ; il s’étoit fait un silence involontaire de toutes parts, et Valérie l’interrompit. « Ah ! s’écria-t-elle d’une voix attendrie, c’est Dronnigor. » Je vis avec délices que mon idée avoit réussi. Un décorateur habile m’avoit parfaitement compris ; des vues gravées de la campagne où Valérie avoit passé son enfance, et les conseils du