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jamais une cliente sérieuse pour l'Europe : elle peut chez elle produire à bien meilleur compte ce qu'elle nous achèterait, et quand elle croira avoir besoin de produits fabriqués à l'européenne, elle les fabriquera elle-même. Malheur à l'Europe si, le jour où la machine à vapeur envahira la Chine, elle compte toujours sur la clientèle étrangère ! Quant aux demi-sauvages de l'Afrique, ce n'est pas sur leur misère que peut s'édifier le bien-être d'une nation civilisée.

Le progrès doit être cherché dans une autre direction : il faut produira pour la consommation de son propre pays. Les clients pour les cotons du Lancashire et la coutellerie de Sheffield, les soieries de Lyon et les minoteries hongroises ne sont ni dans l'Inde ni en Afrique. Les vrais consommateurs des produits de nos usines doivent être chez nous : ce sont nos propres producteurs ; et ils peuvent l'être, pourvu qu'ils sortent de la misère.

Inutile d'envoyer des magasins flottants en Nouvelle-Guinée avec des articles de mode anglais ou allemands, puisqu'il y a dans les Îles Britanniques une foule de gens qui ne demanderaient qu'à acheter ces articles anglais, et qu'en Allemagne les clients ne manqueraient pas non plus pour les produits allemands, du jour où les travailleurs sortiraient de la misère.

Au lieu de nous fatiguer le cerveau à imaginer des moyens de nous assurer une clientèle