Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/65

Cette page a été validée par deux contributeurs.

Les exportations de filés de coton de l’Inde avaient plus que doublé en cinq ans (1882-1887) et dès 1887 on pouvait lire dans le Statement (Rapport annuel du gouvernement de l’Inde), p. 62, que « l’Inde importe de moins en moins de filés de coton des qualités inférieures et moyennes, ce qui indique que les filatures conquièrent peu à peu le marché national ». Par conséquent, tandis que l’Inde continuait à importer à peu près la même quantité de cotonnades et de filés anglais (de 402 à 642 millions en 1900-1908), elle jetait déjà en 1887 sur les marchés étrangers pour 91 millions de francs de ses cotonnades, fabriquées d’après des modèles du Lancashire, et elle exportait 30 millions de mètres de coton écru en pièces, manufacturé dans l’Inde par des ouvriers hindous. Et l’exportation n’a fait que progresser depuis, puisqu’en 1908 la valeur des filés et tissus exportés atteignait le chiffre de 490 millions de francs, et les filés des Indes rivalisaient en Chine avec ceux de l’Angleterre.

Les manufactures de jute de l’Inde se sont développées d’une manière encore plus rapide[1], et

  1. En 1882, elles comptaient 5633 métiers et 95.940 broches. En 1895-1896, elles possédaient déjà 10.580 métiers avec 216.140 broches — en 13 ans ces chiffres avaient donc doublé — et elles employaient en moyenne 78.900 personnes. Mais dans les dix années suivantes, les chiffres doublaient de nouveau, puisqu’en 1908-9 nous trouvons 51 filatures, 29.000 métiers, 595.130 broches, 191.500 ouvriers. Ces statistiques montrent aussi, mieux que toute autre explication, les progrès réalisés dans l’outillage. Les exportations d’étoffes de jute de l’Inde étaient évaluées à 38 millions et demi en 1884-85, à 130 millions et demi en 1895, et à 305 millions en 1907-1908. (Voir Appendice H.)