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de toute nature, et que le cultivateur milanais doit donner au Trésor 30 % de son revenu, — les contributions payées dans les Îles Anglo-Normandes ne s’élèvent en tout qu’à 12 fr. 50 par tête dans les paroisses urbaines et restent fort au-dessous de ce chiffre dans les paroisses rurales. D’autre part, en fait d’impôts indirects on ne connaît que les 68 fr. par hectolitre d’alcools importés et les 20 fr. par hectolitre de vin.

Quant au mode de propriété du sol, les habitants ont heureusement échappé à l’action de la loi romaine, et ils continuent à être régis par le Coutumier de Normandie. En conséquence, plus de la moitié du territoire est possédée par ceux-là mêmes qui cultivent le sol ; il n’y a pas de propriétaire qui surveille les récoltes et augmente toujours les fermages, avant même que le fermier ait pu recueillir le fruit de ses améliorations ; il n’y a personne qui impose une taxe par charrette de sable ou de varech conduite au champ ; chacun prend la quantité qui lui convient, pourvu qu’il coupe le goëmon à une certaine époque de l’année et qu’il prenne le sable à une distance de cinquante-cinq mètres de l’étiage des hautes marées. Ceux qui achètent de la terre pour la cultiver peuvent le faire sans tomber sous les griffes de l’usurier. Le quart seulement de la redevance permanente que l’acheteur s’engage à payer — souvent même une fraction moins élevée — est capitalisé et