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les mêmes instruments de marque américaine ou anglaise. Dans les années 1880 à 1890 cette branche de l’industrie s’est largement développée dans les Ourals méridionaux, — sous forme d’industrie villageoise qui doit le jour à l’École technique de Krasno-oufimsk relevant du conseil de district local (zemstvo), et particulièrement dans les plaines qui descendent en pente douce vers la mer d’Azov. Au sujet de cette dernière région un vice-consul anglais écrivait dans un rapport de 1894 : « Outre huit ou dix grands établissements industriels, toute la circonscription consulaire est parsemée de petits ateliers de construction de machines s’occupant surtout de la fabrication de machines et instruments agricoles et ayant la plupart leur propre fonderie… La ville de Berdyansk, » ajoutait-il, « peut se vanter à l’heure actuelle de posséder le plus grand atelier de construction de moissonneuses d’Europe, capable de mettre sur pied trois mille machines par an[1] ! »

  1. Rapport du vice-consul Green, The Economist, 9 juin 1894 : « Les moissonneuses d’un type spécial, vendues de 375 à 425 fr., sont solidement construites et font plus de travail que les moissonneuses anglaises ou américaines. » En 1893, dans ce seul district, furent vendues 20.000 moissonneuses, 50.000 charrues, etc., représentant une valeur de 20.500.000 fr. Sans les droits véritablement prohibitifs qui pèsent sur le fer brut étranger (deux fois et demi son prix sur le marché de Londres), cette industrie aurait pris un développement plus grand encore. Mais en vue de protéger l’industrie du fer dans les Ourals — ce qui d’ailleurs a eu pour résultat de la laisser s’enfoncer dans la routine — un droit de 76 fr. est imposé sur chaque tonne de fer brut importé. Les tristes conséquences de cette politique pour l’agriculture, les chemins de fer et le budget russes ont été exposées en détail dans un ouvrage de A. A. Radzig, L’Industrie du Fer dans le Monde. Saint-Pétersbourg, 1896 (En russe).