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d'Afrique des tissus faits de rebuts de laine, ou des choses inutiles et même nuisibles, mais pour satisfaire les besoins de millions d'Européens. Et vous serez étonnés de voir avec quelle facilité et avec quelle rapidité l'industrie pourra procurer à tous, en fait de vêtements, ce qu'ils désireront — le nécessaire et le luxe, — pour peu que la production soit organisée de façon à satisfaire des besoins réels, plutôt qu'à payer de gros dividendes à des actionnaires, ou à verser le Pactole dans les coffres-forts des « lanceurs d'affaires » et des conseillers d'administration des grandes compagnies. Bientôt vous vous intéresserez vous-même à ce travail, et vous aurez l'occasion d'admirer chez vos enfants l'ardent désir de connaître la nature et ses forces, leur curiosité pour les machines et leur fonctionnement, le rapide développement de leur génie inventif.

Tel est l'avenir, — dès maintenant possible et dès maintenant réalisable, et tel est le présent — dès maintenant condamné à disparaître. Et ce qui nous empêche de tourner le dos à ce présent et de marcher vers cet avenir, ou tout au moins de faire les premiers pas dans cette direction, ce n'est pas la « faillite de la science », mais c'est avant tout notre cupidité sordide — la cupidité de l'homme qui tuait la poule aux œufs d'or. C'est, avant tout, notre paresse d'esprit, — cette lâcheté intellectuelle que le passé a si soigneusement cultivée.