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travail ou même moins suffiraient pour assurer à une famille une alimentation végétale et animale riche et variée. Mais les recherches d'Engel à Berlin et de tous ceux qui l'ont suivi dans cette voie nous montrent que la famille de l'ouvrier doit dépenser une bonne moitié de son gain annuel, c'est-à-dire fournir six mois de travail, quand ce n'est pas plus, pour se procurer sa nourriture. Et quelle nourriture! Le pain et le dripping (graisse de bœuf fondue) ne forment-ils pas le fond de l'alimentation de plus de la moitié des enfants anglais ?

Un mois de travail par an suffirait largement pour assurer à l'ouvrier un logement hygiénique. Mais il lui faut dépenser de 25 à 40 pour cent de son gain annuel, c'est-à-dire le fruit de 3 à 5 mois de son travail de chaque année, pour se procurer un logement qui, dans la plupart des cas, est malsain et beaucoup trop exigu. Et ce logement ne sera jamais sa propriété, encore que l'ouvrier soit sûr d'être renvoyé de l'usine à l'âge de quarante-cinq ou cinquante ans, parce que le travail qu'il avait coutume de faire sera à ce moment accompli par une machine, ou confié à un enfant.

Nous savons tous que l'enfant devrait être familiarisé avec les forces de la nature qu'un jour il aura à utiliser, qu'il devrait être préparé de façon à pouvoir suivre plus tard les progrès de la science et de la technique, qu'il devrait étudier