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facturés dont elles avaient besoin. C’était ainsi, en effet, à cette époque — mais il n’en est plus de même aujourd’hui.

En 1861, année de l’émancipation des serfs, la Russie et la Pologne ne comptaient que 14.060 établissements industriels produisant annuellement 296 millions de roubles (environ un milliard de francs). Vingt ans plus tard, le nombre des établissements s’élevait à 35.160 et leur production annuelle devenait environ quatre fois plus importante ; elle atteignait 1.305.000.000 de roubles (environ 3.500.000.000 fr.) ; et en 1894, bien que le recensement laissât de côté les petites manufactures et toutes les industries soumises aux impôts indirects (sucres, alcools, allumettes), l’ensemble de la production de l’Empire atteignait déjà 1.760.000.000 de roubles, c’est-à-dire plus de 4 milliards et demi de francs. Le trait le plus remarquable de l’industrie russe est que, tandis que le nombre des ouvriers employés dans les fabriques n’avait pas tout à fait doublé depuis 1861 (en 1894, il était de 1.555.000 ; de 1.723.200 en 1907), la production par ouvrier avait plus que doublé en 33 ans : elle avait triplé dans les principales industries. La moyenne était de 1750 fr. par an en 1861, elle montait jusqu’à 4075 fr. en 1894[1]. Cette augmentation

  1. Pour ces dernières années, depuis la guerre du Japon, les chiffres sont incertains. Au 1er janvier 1906, les inspecteurs de fabriques enregistraient pour la Russie d’Europe, la Pologne et quatre autres provinces du Caucase septentrional, 14.376 établissements industriels, avec 1.693.320 ouvriers, dont 1.104.520 hommes, 412.880 femmes et 175.930 enfants.