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ment s'y prend un bon ouvrier pour couper un morceau de carton, et comparez ses mouvements à ceux d'un ouvrier mal préparé. Celui-ci saisit le carton, prend l'outil tel qu'il est, trace une ligne « à la six-quatre-deux » et commence à couper. À mi-chemin il est fatigué, et quand il a fini, son travail n'est bon à rien. L'autre, au contraire, examinera son outil et l'aiguisera d'abord ; il tracera la ligne avec exactitude, après quoi, ayant bien fixé son carton et sa règle et tenant convenablement son outil, il coupera très aisément et livrera un bon travail.

Voilà la vraie rapidité, celle qui permet d'économiser le temps et l'effort ; et le meilleur moyen de l'acquérir, c'est une éducation véritablement supérieure. Les grands peintres peignaient avec une rapidité prodigieuse ; mais c'était là le résultat d'un merveilleux développement de leur intelligence et de leur imagination, de leur sentiment profond de la beauté, de leur délicate perception des nuances, de leur sûreté de main, acquise en faisant chaque jour, chaque heure, sans fin, des croquis de dessins. Et c'est là le genre de travail rapide dont l'humanité a besoin.


Il y aurait encore bien des choses à ajouter sur les services que devrait rendre l'école, mais je dois encore ajouter quelques mots pour montrer combien il est désirable qu'on adopte le genre d'éducation esquissée dans les pages qui