Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/389

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

de voir votre travail utilisé, ne fût-ce que comme partie accessoire d'une chose utile ? C'est ce qu'on faisait à l'École de Moscou. Toute planche rabotée par les élèves était employée dans un autre atelier pour la construction d'une machine quelconque (batteuse, moissonneuse, etc.) Lorsqu'un élève entrait dans l'atelier de mécanique, et qu'on le mettait à limer un bloc de fer quadrangulaire aux faces parallèles et perpendiculaires, ce bloc prenait à ses yeux un certain intérêt parce que, une fois terminé, ses angles et ses faces vérifiés et ses défauts corrigés, il n'était pas jeté au rebut sous l'établi. On le donnait à un élève plus avancé qui y adaptait un bouton, passait sur le tout une couche de peinture et l'envoyait au magasin de l'école pour y être vendu comme presse-papier. L'enseignement systématique gagnait ainsi en intérêt[1].

Il est évident que la rapidité d'exécution du travail est un facteur très important dans la production. Aussi peut-on demander si dans le système dont nous parlons l'élève atteint la rapidité nécessaire. Mais il y a deux genres de

  1. Le produit de la vente des objets exécutés par les élèves n'était point négligeable, surtout pour les classes supérieures où l'on construisait des locomobiles, des batteuses, etc. Il en résultait que l'École de Moscou, à l'époque où je l'ai connue, était une de celles où la pension et l'enseignement coûtaient le moins. Mais imaginez une école analogue annexée à une ferme-école, qui produirait les denrées alimentaires et les échangerait avec l'école industrielle au prix de revient. Que pourrait coûter la pension en pareil cas ?