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Il en est de même pour les ouvriers s’ils ont réussi à conserver leurs vieilles organisations corporatives, comme à Sheffield ou à Solingen, ou si, comme dans le Jura, ils ne sont pas encore réduits ou peu s’en faut à la misère. Mais avec une organisation sociale plus rationnelle, l’usine ne rencontrerait pas de tels obstacles, car elle serait un bienfait pour le village. Et il est déjà de toute évidence qu’un mouvement dans cette direction s’accomplit à l’heure actuelle dans quelques communes rurales.

Les avantages moraux et physiques qu’on aurait à répartir ainsi ses efforts entre le champ et l’atelier sont incontestables. Mais la difficulté, nous dit-on, est dans la centralisation nécessaire des industries modernes. Dans l’industrie, comme dans la politique, la centralisation a tant d’admirateurs ! Eh bien, dans ces deux sphères l’idéal des centralisateurs a grand besoin d’être soumis à une révision. En effet, si nous étudions les industries modernes, nous découvrons bientôt que pour quelques-unes d’entre elles la coopération de centaines et même de milliers d’ouvriers réunis sur un même point est réellement nécessaire. Les grands établissements métallurgiques et les entreprises minières appartiennent sans contredit à cette catégorie ; les transatlantiques ne peuvent pas non plus être construits dans des ateliers de village. Mais un bon nombre de nos grandes usines ne sont pas autre chose que des