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Mais l’Angleterre ne pouvait garder à tout jamais le monopole de la production industrielle. Ni le savoir industriel, ni l’esprit d’entreprise ne pouvaient rester indéfiniment un privilège des Îles Britanniques. Nécessairement, fatalement, ils franchirent la Manche et se répandirent sur le continent. La grande Révolution avait créé en France une classe nombreuse de paysans propriétaires qui pendant un demi-siècle jouirent d’un bien-être relatif ou eurent tout au moins un travail assuré. Les rangs des prolétaires dans les villes grossissaient lentement. Mais la révolution faite par la classe moyenne en 1789-1793 avait déjà établi une distinction entre les paysans propriétaires et les prolétaires des villages, et, en favorisant les premiers au détriment des seconds, elle força les agriculteurs qui n’avaient ni foyer à eux ni terre, à abandonner leurs villages et à former ainsi le premier noyau de travailleurs livrés à la merci des industriels. D’autre part, les paysans propriétaires eux-mêmes, après avoir joui d’une période de prospérité indéniable, commencèrent à leur tour à sentir la dureté des temps, et leurs enfants furent contraints de chercher un emploi dans les usines.