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Ces faits, ainsi que la tendance marquée qu'a la grande industrie à émigrer à la campagne, sont très suggestifs. Naturellement, ce serait une grave erreur de s'imaginer que l'industrie doive revenir à la phase primitive des métiers purement « manuels », pour pouvoir s'associer à l'agriculture. Chaque fois qu'une économie de travail humain peut être obtenue grâce à une machine, cette machine est la bienvenue. On s'en servira, et il n'est sans doute pas une seule branche de l'industrie où l'on n'aurait un grand avantage à introduire le travail mécanique, au moins dans certaines phases de la fabrication. Dans l'état chaotique où se trouve actuellement l'industrie, on peut encore faire à la main des clous et des canifs à bon marché ; des cotonnades communes peuvent encore être tissées par-ci par-là sur le métier d'antan. Mais cette anomalie ne saurait durer. La machine détrônera le travail à la main dans la confection des articles ordinaires, alors que le travail purement manuel étendra son domaine sur tout ce qui demande un certain finissage plus ou moins artistique. Ce sera sans doute le cas pour beaucoup d'objets, aujourd'hui complètement manufacturés en fabriques, ainsi que dans des milliers d'industries nouvelles qui sont encore dans l'enfance.

Mais cette question se pose : Pourquoi les cotonnades, les lainages, les soieries, actuellement tissés à la main dans les villages, ne seraient--