Page:Kropotkine Champs, usines et ateliers.djvu/342

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

évaluations, plus de 3.750 millions, très probablement plus de cinq milliards de francs (deux milliards de roubles) par an[1], chiffre qui dépasse la production totale de la grande industrie.

Quant à l'importance relative de l'une et de l'autre pour la classe ouvrière, qu'il suffise de dire que même dans le gouvernement de Moscou, qui est la principale région manufacturière de Russie (ses usines produisent plus d'un cinquième en valeur de la production industrielle totale de la Russie d'Europe), le nombre de personnes occupées dans les industries domestiques est presque égal à celui des personnes occupées dans les manufactures.

Le trait le plus intéressant des industries domestiques en Russie, c'est qu'elles ne furent nullement écrasées par l'essor soudain qu'ont pris les usines et manufactures. Au contraire, elles en ont reçu une nouvelle impulsion. Elles grandissent et se développent précisément dans les régions où la grande industrie fait les progrès les plus rapides.

Un autre trait des plus suggestifs est le suivant. Bien que les provinces de la Russie cen-

  1. Il résulte de l'enquête à domicile, qui portait sur 855.000 ouvriers, que la valeur de leur production annuelle atteignait 530 millions de francs (le rouble étant estimé 2 fr. 50), ce qui faisait une moyenne de 620 francs par ouvrier. Une moyenne de 500 francs pour les 7.500.000 personnes occupées dans les industries donnerait déjà 3.750 millions pour leur production totale : mais les enquêteurs les plus autorisés considèrent ce chiffre comme au-dessous de la réalité.