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sauvages », etc., vendus dans des contrées lointaines. Des villes entières, avons-nous vu, ne produisent que ces articles de rebut.

En résumé, on peut considérer comme un fait fondamental de la vie économique de l'Europe, que la défaite d'un certain nombre de petits métiers et d'industries domestiques est due, non pas à une organisation inférieure de leur production, mais à ce qu'ils furent incapables d'organiser la vente de leurs produits. La même constatation revient à chaque page de l'histoire économique. L'incapacité d'organiser la vente, sans se laisser asservir par les marchands, fut une des causes principales de la décadence des cités du moyen âge, qui tombèrent peu à peu sous le joug économique et politique des corporations des « maîtres marchands », tout simplement parce qu'elles ne purent maintenir la vente par la Commune de ses produits manufacturés, ni organiser le commerce lointain dans l'intérêt de la Commune. Lorsque l'Asie d'une part, le Nouveau-Monde de l'autre devinrent des marchés pour ces produits, et procurèrent la possibilité d'un rapide et immense enrichissement, la décadence des cités du moyen âge fut chose fatale : le commerce étant devenu individuel, de communal qu'il avait été au début, les cités devinrent la proie des intrigues des riches familles[1].

  1. Pour plus de détails, voyez L'Entr'aide : un facteur de l'Évolution.