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inventées, ou bien on recourait à l'emploi de nouveaux moteurs, ou encore l'industrie était réorganisée de façon à diminuer les frais de production.

Au contraire, partout où les artisans et les ouvriers isolés, réduits à eux-mêmes, continuent à rester à la merci des acheteurs en gros, qui toujours, depuis Adam Smith, « ouvertement ou tacitement » s'entendent pour agir comme un seul homme, afin de réduire les salaires presque à un taux de famine, — et tel est le cas pour un grand nombre de petits métiers et d'industries rurales, — leur situation devient et reste misérable. Et si ces artisans ne vont pas grossir les rangs des ouvriers de fabrique, c'est parce qu'ils savent trop bien la vie qui les attend, et parce qu'ils tiennent à conserver une certaine indépendance relative. Sachant que, dans la majorité des cas, l'installation d'une fabrique dans leur village aurait pour conséquence que la plupart des hommes ne trouveraient plus de travail, et que la fabrique prendrait les enfants et les jeunes filles, ils mettent tout en œuvre pour écarter cette éventualité.

Quant aux associations rurales, coopératives ou autres, il ne faut pas oublier que les gouvernements français, allemand, russe et autrichien ont toujours empêché les ouvriers, et surtout les ouvriers des campagnes, d'entrer dans n'importe quels groupements formés dans un but économi-