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bœufs et des moutons, nous imposer le pénible labeur du paysan, observer anxieusement le ciel dans la crainte d’une mauvaise récolte, lorsque nous pouvons, avec beaucoup moins de peine, faire venir des montagnes de blé de l’Inde, de l’Amérique, de la Hongrie ou de la Russie, de la viande de la Nouvelle-Zélande, des légumes des Açores, des pommes du Canada, du raisin de Malaga, etc ? »

C’est ainsi qu’on raisonne en Angleterre. Et on ajoute : « Dès maintenant, même dans les ménages les plus modestes, notre nourriture se compose de produits venus de tous les points du globe. Notre vêtement est fait de fibres qui ont poussé, de laine qui a été tondue dans toutes les parties du monde. Les prairies d’Amérique et d’Australie, les montagnes et les steppes de l’Asie, les solitudes glacées des régions arctiques, les déserts africains et les abîmes de l’Océan, les tropiques et les terres du soleil de minuit sont nos tributaires. Toutes les races humaines contribuent chacune pour sa part à nous procurer notre nourriture et notre luxe, nos vêtements les plus simples ou les plus riches ; et en échange nous leur expédions les produits enfantés par notre intelligence supérieure, nos connaissances techniques, nos puissantes facultés d’organisation industrielle et commerciale ! N’est-ce pas là un spectacle grandiose que ce réseau compliqué d’échanges actifs qui s’est déve-