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que je visitai ces villages entre la frontière et Besançon en l'année 1878, je fus frappé du haut degré de bien-être relatif que j'y trouvai, bien que je connusse parfaitement les villages suisses du Val de Saint-Imier. Il est très probable que les montres faites à la machine ont causé une crise dans l'horlogerie française, tout comme dans l'horlogerie suisse. Mais on sait qu'une partie au moins des horlogers suisses ont énergiquement lutté contre la nécessité de se laisser enrôler dans les fabriques et que, alors que des fabriques de montres s'élevaient à Genève et dans d'autres localités, un nombre considérable d'horlogers ont choisi d'autres métiers, qui continuent à s'exercer sous la forme d'industries domestiques ou de petites industries. J'ajouterai seulement que dans le Jura français un grand nombre d'horlogers étaient en même temps propriétaires d'une maison avec jardin, et très souvent de petites parcelles de terre. Dans cette région les prairies communales s'étaient maintenues, et les fruitières communales, ou crêmeries, organisées pour la vente en commun du beurre et du fromage, sont très répandues.

Autant que j'ai pu m'en assurer, le développement de l'horlogerie faite à la machine n'a pas détruit les petites industries des montagnes du Jura. Les horlogers ont changé de profession, et, comme en Suisse, ils ont créé diverses