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cher beaucoup moins dans la concurrence des usines ou des manufactures rivales, — (en pareil cas la petite industrie subit dans des centaines de localités une transformation, ou bien change d'objet) — que dans la décadence de la population au point de vue agricole. Constamment nous observons que les petits propriétaires fonciers n'abandonnent et la terre et l'industrie rurale, pour émigrer vers les villes, que lorsqu'ils ont été ruinés en tant qu'agriculteurs.

La disparition des pâturages communaux, les fermages exagérés, les ravages exercés dans certains endroits par les « marchands de biens », ces spéculateurs qui induisent les paysans à acheter de la terre à crédit, la banqueroute de quelque société dont les actions ont été avidement recherchées par les paysans, et ainsi de suite[1], font plus dans ce sens que la concurrence de la grande industrie.

Si ces causes n'existent pas, il se développe toujours une nouvelle industrie, lorsque la concurrence de la manufacture prend un caractère trop aigu, car les petites industries font preuve d'une faculté d'adaptation qu'on ne soupçonne guère. Le cas échéant, les artisans ruraux recourent à l'une des formes de la culture intensive, culture maraîchère ou autre, et entre temps on voit apparaître quelque autre industrie.

  1. Voir Baudrillart, Les Populations agricoles de la France : Normandie.