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qui rapporte 1500 fr. par hectare, frais d'emballage, de transport et de vente déduits. De même, les terrains plantés en pruniers — Paris à lui seul consomme 40.000 quintaux de prunes par an — donnent un revenu annuel de 1.800 à 3.000 francs par hectare. Et cependant les poires, les prunes et les cerises sont vendues à Paris, fraîches et juteuses, à un prix tel que les pauvres eux-mêmes peuvent manger des fruits du pays dans toute leur primeur.

En Anjou on peut voir comment une terre argileuse lourde, amendée par du sable de la Loire et des engrais, a été transformée aux environs d'Angers et surtout à Saint-Laud, en un sol qui se loue de 150 à 300 fr. l'hectare, et ce sol produit des fruits qui, il y a quelques années, s'exportaient en Amérique[1].

À Bennecourt, tout petit village de 850 habitants, près Paris, on voit le parti que l'on peut tirer du sol le plus improductif. Tout récemment les versants escarpés de ses coteaux n'étaient que des mergers d'où l'on extrayait de la pierre pour le pavage des rues de Paris. Aujourd'hui ces coteaux sont entièrement couverts d'abricotiers, de cerisiers, de cassis et de plantations d'asperges, de petits pois, etc. En 1881, ce village vendait pour 140.000 francs d'abricots seulement, et on ne doit pas perdre de vue que la concurrence

  1. Baudrillart, Les Populations agricoles de la France : Anjou, pp. 70‑71.