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En même temps la population n'a augmenté que de 41 %, de sorte que l'accroissement de la récolte annuelle de blé a été deux fois et demie plus rapide que celui de la population, bien que les progrès de l'agriculture aient été entravés pendant toute cette période par une série de sérieux obstacles : impôts, service militaire, pauvreté de la classe paysanne, et même, jusqu'en 1884, prohibition sévère de toutes sortes d'associations entre agriculteurs. Il faut aussi ajouter que pendant ces cent années, et surtout pendant le dernier demi-siècle, la culture maraîchère, l'arboriculture fruitière et les cultures industrielles ont pris un immense développement en France, de sorte qu'il n'y aurait aucune exagération à dire que les Français tirent maintenant de leur sol six ou sept fois plus qu'ils n'en obtenaient il y a un siècle. Les « moyens d'existence » tirés du sol se sont ainsi accrus au moins quatre fois plus rapidement que la population.

Mais les progrès accomplis par l'agriculture apparaissent plus nettement encore si l'on considère les rendements que l'on demandait et ceux qu'on demande aujourd'hui à la terre. Il y a quarante ans, les Français regardaient une récolte comme bonne quand elle s'élevait à 20 hectolitres par hectare ; mais on exige aujourd'hui du même sol 30 hectolitres, alors que dans les meilleures terres la récolte n'est bonne que si