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Il faut cependant reconnaître qu'il y a quelques économistes conscients de ces vérités. Ils admettent volontiers que l'Europe occidentale pourrait produire beaucoup plus de nourriture qu'elle ne le fait ; mais ils n'en voient ni la nécessité ni l'avantage, tant qu'il y a des nations pouvant fournir des denrées alimentaires en échange des produits manufacturés. Examinons donc jusqu'à quel point cette façon de voir est conforme à la réalité.

Il est évident que si nous nous contentons de constater qu'il est moins dispendieux de faire venir du blé de Riga que de le cultiver dans le Lincolnshire, la question est réglée en un instant. Mais en est-il ainsi en réalité ? En coûte-t-il moins réellement de faire venir du dehors les denrées alimentaires ? Et, en supposant qu'il en soit ainsi, ne devons-nous pas analyser cette notion complexe que nous appelions « prix », plutôt que de l'accepter comme une règle suprême et aveugle, de nos actes ?

Nous savons, par exemple, combien l'agriculture française est grevée d'impôts. Si nous comparons pourtant les prix des denrées alimentaires en France, où le sol les produit presque toutes, avec les prix de ces denrées dans le Royaume-Uni qui les importe, nous ne voyons aucune différence en faveur du pays importateur. Au contraire, la balance est plutôt en faveur de la