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capable de produire beaucoup plus qu'il ne consomme, nous saluons sa venue avec joie.

Nous savons qu'une population très dense est une condition nécessaire de l'accroissement du pouvoir producteur du travail humain. Nous savons qu'un travail très productif est impossible tant que les hommes sont disséminés en petit nombre sur de vastes territoires, et sont ainsi incapables d'unir et de combiner leurs efforts en vue des œuvres supérieures de la civilisation. Nous savons quelle somme de travail doit être dépensée pour gratter le sol avec une charrue primitive, pour filer et tisser à la main ; et nous savons aussi avec quelle économie d'efforts et de peine le machinisme moderne permet de produire la même nourriture, et de filer et de tisser la même étoffe.

Nous voyons aussi qu'il est infiniment plus facile de faire produire à un hectare 200.000 kilogrammes de nourriture que de les demander à dix hectares. C'est fort beau de se figurer que le blé pousse tout seul dans les steppes de Russie, mais ceux qui ont vu peiner le paysan dans la région des « fertiles » terres noires désireront que l'augmentation de la population introduise enfin dans les steppes l'usage de la charrue à vapeur et la culture maraîchère, qu'elle permette à ceux qui sont aujourd'hui les bêtes de somme de l'humanité de redresser l'échine et de devenir enfin des hommes.