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sous une certaine latitude. Chaque jour vient reculer les limites de la veille et ouvre de nouveaux et vastes horizons. Tout ce que nous pouvons dire, c'est que, aujourd'hui même, 250 personnes pourraient aisément vivre sur un kilomètre carré, et que, avec des méthodes de culture déjà en usage sur une grande échelle, ces 250 êtres humains — nous ne disons pas 250 paresseux — pourraient, des cent hectares sur lesquels ils vivraient, tirer aisément et sans aucun surmenage une alimentation abondante tant animale que végétale, ainsi que le lin, la laine, la soie et le cuir nécessaires pour leur habillement. Quant à ce qu'on pourrait obtenir avec des méthodes encore plus parfaites, déjà connues mais non encore expérimentées en grand, il vaut mieux s'abstenir de toute prédiction, tellement sont imprévus les derniers résultats de la culture intensive.

Nous voyons ainsi que le préjugé de la surpopulation ne résiste pas à la première tentative faite pour le soumettre à un examen un peu sérieux. Ceux-là seulement peuvent être épouvantés à la pensée que la population de telle contrée augmente d'une unité toutes les mille secondes, qui considèrent un être humain comme un nouveau co-partageant de la somme de bien-être dont dispose l'humanité, sans voir en lui en même temps un nouvel ouvrier qui continuera à accroître ce stock. Mais nous qui voyons dans chaque bébé nouveau-né un futur travailleur,