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Plus tard, je vis les riches campagnes des comtés du centre. Mais même là je fus frappé de ne pas trouver le travail intense que j'étais habitué à admirer dans les campagnes belges et françaises. Mais mon étonnement cessa quand j'appris que seulement 1.350.000 cultivateurs, hommes et femmes, travaillaient alors dans les campagnes de l'Angleterre et du Pays de Galles, tandis que plus de 16.000.000 appartenaient à la classe « professionnelle, domestique, indéfinie et improdutive, » comme disent nos impitoyables statisticiens. Un million trois cent mille êtres humains ne peuvent cultiver d'une manière productive une surface de 13.000.000 hectares, à moins qu'ils ne recourent aux méthodes de culture des fermes de l'Ouest américain.

Une autre fois, prenant Harrow pour centre de mes excursions, je pus parcourir huit kilomètres dans la direction de Londres ou dans la direction opposée, sans voir autre chose à ma droite ou à ma gauche que des prairies, sur lesquelles on récoltait à peine cinq tonnes de foin par hectare, quantité tout juste suffisante pour nourrir une vache laitière.

Dans ces prairies, l'homme brille par son absence. Au printemps, il y passe un rouleau pesant ; tous les deux ou trois ans, il y répand un peu de fumier ; puis il disparaît jusqu'à ce que le temps soit venu de faire les foins. Et cela, à moins de deux lieues de Charing Cross, dans