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lors la Russie n’a pris aucune part à l’exploration des mers arctiques. La terre que nous distinguions à travers les brumes subpolaires fut découverte par Payer et Weyprecht, et les archipels qui — j’en suis aujourd’hui plus persuadé qu’alors — doivent exister au nord-est de la Nouvelle-Zemble, attendent encore celui qui les découvrira.

Au lieu de me joindre à une expédition arctique, je fus envoyé par la Société de Géographie faire en Finlande et en Suède un modeste voyage pour explorer les dépôts glaciaires, et ce voyage m’entraîna dans une direction toute différente.

L’Académie des Sciences avait chargé cet été-là deux de ses membres — le vieux géologue et général Helmersen et Friedrich Schmidt, l’infatigable explorateur de la Sibérie — d’étudier la structure de ces longues traînées de galets connues sous le nom deasaren Suède et Finlande, et sous ceux de esker, kames, etc. dans les Îles Britanniques. La Société de Géographie m’envoya en Finlande dans le même but. Nous visitâmes, tous les trois, les magnifiques hauteurs du Pungaharju, puis nous nous séparâmes. Je travaillai beaucoup pendant cet été-là. Je voyageai beaucoup en Finlande et je passai en Suède où je vécus de bonnes heures en la société de A. Nordenskjöld. Il me parla déjà — c’était en 1871 — de son projet d’atteindre les embouchures des fleuves sibériens et même le détroit de Behring par la route du nord. De retour en Finlande, je continuai mes études jusque vers la fin de l’automne et je recueillis un grand nombre d’observations intéressantes sur les traces de la période glaciaire dans ce pays. Mais durant mon voyage, je réfléchis aussi beaucoup aux questions sociales, et ces réflexions eurent une influence décisive sur mon développement ultérieur.

Toutes sortes de précieux renseignements relatifs à la géographie de la Russie passaient par mes mains à la Société de Géographie, et l’idée me vint peu à peu d’écrire un ouvrage détaillé sur la géographie physique