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Préface


Les autobiographies que nous devons aux grands hommes appartenaient autrefois à l’un des trois types suivants : « Voilà comment je m’éloignai du bon chemin, et voilà comment j’y revins. » (Saint Augustin) ; ou « Voyez combien je fus mauvais, mais qui oserait se croire meilleur ? » (Rousseau) ; ou « Voilà comment se développe lentement un génie favorisé par les circonstances. » (Gœthe). Dans tous ces genres de portraits l’auteur s’occupe donc surtout de lui-même.

Au dix-neuvième siècle les autobiographies des hommes éminents se ramenèrent plus souvent aux types suivants : « Voyez comme j’eus du talent, combien je fus attrayante et comme je recueillis l’estime et l’admiration de tous ! » (Johanne Louise Heiberg, Une Vie revécue dans le souvenir) ; ou bien : « J’avais beaucoup de talent, je méritais d’être aimé, et cependant je fus méconnu. Voyez quels durs combats j’ai dû livrer pour parvenir à la renommée. » (Hans Christian Andersen, Le