peuple de Paris l’a eue au 18 mars, au moment où les révolutionnaires les plus en contact avec les masses se disaient qu’il n’y avait plus rien à faire à Paris ? Qui peut nous répondre que la période révolutionnaire ne sera pas ouverte d’ici un an à Rome, à Berlin, à Paris, à Vienne, à la chute d’un Crispi ou d’un Guillaume, à la suite d’une crise industrielle aiguë, ou bien de quelque défaite dans une guerre européenne ? Et pour peu qu’une révolution politique éclate n’importe où sur le continent, il est certain que la question sociale y sera posée dans toute sa grandeur, comme elle le fut à Paris en 1848.
Et que prépare-t-on, si ce n’est des journées de juin ou de mai, des défaites ouvrières noyées dans le sang sous les obus à la dynamite et la mitraille crachée à la vapeur, — quand on cache soigneusement à l’ouvrier la gravité du moment historique que nous traversons, la tâche immense qu’il aura à accomplir, lui-même, de ses propres forces, dans la révolution, s’il tient à en sortir, non pas sur un brancard porté à la fosse commune, non pas comme un forçat à Cayenne ou aux Philippines, mais après avoir préparé un meilleur avenir pour l’humanité ?