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la préservation de la société, n’est plus aujourd’hui qu’un instrument pour le maintien de l’exploitation et la domination des riches oisifs sur les masses laborieuses. Sa mission civilisatrice est nulle aujourd’hui, elle n’a qu’une mission : le maintien de l’exploitation.

Voilà ce que nous dit l’histoire du développement de la Loi. Est-ce à ce titre que nous serions appelés à la respecter ? Certainement non. Pas plus que le Capital, produit du brigandage, elle n’a pas droit à notre respect. Et le premier devoir des révolutionnaires du dix-neuvième siècle sera de faire un auto-da-fé de toutes les lois existantes, comme ils le feront des titres de propriété.

IV

Si on envisage les millions de lois qui régissent l’humanité, on s’aperçoit aisément qu’elles peuvent être subdivisées en trois grandes catégories : Protection de la propriété, protection des personnes, protection du gouvernement. Et, en analysant ces trois catégories, on en arrive à l’égard de chacune d’elles à cette conclusion logique et nécessaire : Inutilité et nuisibilité de la Loi.

Pour la protection de la propriété, les socialistes savent ce qu’il en est. Les lois sur la propriété ne sont pas faites pour garantir à l’individu ou à la société la jouissance des produits de leur travail. Elles sont faites, au con-