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que toutes ces lois libérales ne sont que l’abrogation de lois qui nous ont été léguées par la barbarie des siècles précédents. Toutes les lois libérales, tout le programme radical, se résument en ces mots : abolition de lois devenues gênantes pour la bourgeoisie elle-même et retour aux libertés des communes du douzième siècle, étendues à tous les citoyens. L’abolition de la peine de mort, le jury pour tous les « crimes » (le jury, plus libéral qu’aujourd’hui, existait au douzième siècle), la magistrature élue, le droit de mise en accusation des fonctionnaires, l’abolition des armées permanentes, la liberté d’enseignement, etc., etc., tout cela qu’on nous dit être une invention du libéralisme moderne, n’est qu’un retour aux libertés qui existaient avant que l’Église et le Roi n’eussent étendu leur main sur toutes les manifestations de la vie humaine.

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La protection de l’exploitation, directe par les lois sur la propriété, et indirecte par le maintien de l’État, — voilà donc l’essence et la matière de nos codes modernes et la préoccupation de nos engins coûteux de législation. Il est temps, cependant, de ne plus nous payer de phrases et de nous rendre compte de ce qu’ils sont en réalité. La loi qui se présenta au début comme un recueil de coutumes utiles à