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entre les riches et les pauvres, entre les bourgeois et les serfs, elles devinrent facilement la proie de la royauté. Et à mesure que la royauté acquérait une force nouvelle, le droit de législation passait de plus en plus dans les mains d’une coterie de courtisans. L’appel à la nation n’est fait que pour sanctionner les impôts demandés par le roi. Des parlements, appelés à deux siècles d’intervalle, selon le bon plaisir et les caprices de la Cour, des « Conseils extraordinaires », des « séances de notables » où les ministres écoutent à peine les « doléances » des sujets du roi, — voilà les législateurs. — Et plus tard encore, lorsque tous les pouvoirs sont concentrés dans une seule personne qui dit : « l’État, c’est Moi », c’est « dans le secret des Conseils du prince », selon la fantaisie d’un ministre ou d’un roi imbécile, que se fabriquent les édits, auxquels les sujets sont tenus d’obéir sous peine de mort. Toutes les garanties judiciaires sont abolies ; la nation est la serve du pouvoir royal et d’une poignée de courtisans ; les peines les plus terribles : roue, bûcher, écorchement, tortures de tout genre, — produits de la fantaisie malade de moines et de fous enragés qui cherchent leurs délices dans les souffrances des suppliciés, — voilà ce qui fait apparition à cette époque.

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