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Au dixième siècle, s’il existe des monuments de droit public, ce ne sont que des traités qui règlent les obligations, les corvées et les tributs des serfs et des vassaux du seigneur. Les législateurs à cette époque, c’est une poignée de brigands, se multipliant et s’organisant pour le brigandage qu’ils exercent contre un peuple devenu de plus en plus pacifique à mesure qu’il se livre à l’agriculture. Ils exploitent à leur avantage le sentiment de justice inhérent aux peuples ; ils posent en justiciers, se font de l’application même des principes de justice une source de revenu, et dictent les lois qui serviront à maintenir leur domination.

Plus tard ces lois rassemblées par les légistes et classifiées servent de fondement à nos codes modernes. Et on parlera encore de respecter ces codes, — héritage du prêtre et du baron !?

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La première révolution, la révolution des communes, ne réussit à abolir qu’une partie de ces lois ; car les chartes des communes affranchies ne sont pour la plupart qu’un compromis entre la législation seigneuriale ou épiscopale, et les nouvelles relations, créées au sein de la Commune libre. Et cependant, quelle différence entre ces lois et nos lois actuelles ! La Commune ne se permet pas d’em-