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Son caractère c’est le mélange habile des coutumes utiles à la société, — coutumes qui n’ont pas besoin de lois pour être respectées, — avec ces autres coutumes qui ne présentent d’avantages que pour les dominateurs, qui sont nuisibles aux masses et ne sont maintenues que par la crainte des supplices.

Pas plus que le Capital individuel, né de la fraude et de la violence et développé sous l’auspice de l’autorité, la Loi n’a donc aucun titre au respect des hommes. Née de la violence et de la superstition, établie dans l’intérêt du prêtre, du conquérant et du riche exploiteur, elle devra être abolie en entier le jour où le peuple voudra briser ses chaînes.

Nous nous en convaincrons encore mieux, lorsque nous analyserons dans un chapitre suivant le développement ultérieur de la Loi sous les auspices de la religion, de l’autorité et du régime parlementaire actuel.

III

Nous avons montré dans le chapitre précédent comment la Loi est née des mœurs et usages établis et comment elle représentait dès le début un mélange habile de coutumes sociales, nécessaires à la préservation de la race humaine, avec d’autres coutumes, imposées par ceux qui profitaient des superstitions populaires pour considérer leur droit du plus fort. Ce double caractère de la Loi déter-