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Ce qui voulait dire qu’à ce moment il était prêt à faire des concessions aux Dantonistes, pourvu qu’ils l’aidassent à attaquer le parti de gauche, les Hébertistes.

C’est ce qu’ils firent volontiers, avec beaucoup de violence, par la plume de Desmoulins, dans son Vieux Cordelier, et par l’organe de Philippeaux, aux Jacobins, où celui-ci s’acharna à attaquer la conduite des généraux hébertistes en Vendée. Robespierre travailla dans la même direction, contre un Hébertiste influent (les Jacobins l’avaient même élu président), Anacharsis Cloots, sur lequel il tomba avec une haine toute religieuse. Lorsque ce fut le tour de Cloots de se soumettre à l’épuration aux Jacobins, Robespierre fit contre lui un discours rempli de fiel, dans lequel ce pur idéaliste, adorateur de la Révolution et propagandiste inspiré de l’Internationale des sans-culottes, était accusé de trahison, et cela, parce qu’il avait eu des rapports d’affaires avec les banquiers Vandenyver et s’était intéressé à eux lorsqu’ils furent arrêtés comme suspects. Cloots fut exclu des Jacobins le 22 frimaire (12 décembre) : il devenait ainsi une victime marquée pour l’échafaud.

L’insurrection du Midi traînait entre temps en longueur, et Toulon restait aux mains des Anglais, si bien que l’on accusait le Comité de salut public d’incapacité. On se disait même que le Comité avait l’idée d’abandonner le Midi à la contre-révolution. Il y avait, paraît-il, des jours où il ne tenait qu’à un fil que le Comité ne fût renversé et « envoyé à la roche tarpeïenne », — ce qui aurait profité aux Girondins, aux « modérantistes », c’est-à-dire, à la contre-révolution.

L’âme de la campagne menée contre le Comité de