le soleil revint et avec lui l’espoir d’une récolte prochaine, les émeutes recommencèrent, surtout après les travaux du printemps.
Évidemment, la bourgeoisie intellectuelle profita des élections pour propager les idées de la Révolution. Un « Club Constitutionnel » fut formé, et ses nombreuses ramifications se répandirent dans les villes, même les plus petites. L’indifférence qui frappa tellement Arthur Young dans les villes de l’Est existait sans doute ; mais dans d’autres provinces la bourgeoisie tira tout le profit voulu de l’agitation électorale. On voit même comment les événements qui eurent lieu en juin à Versailles, dans l’Assemblée nationale, furent préparés déjà depuis plusieurs mois dans les provinces. Ainsi, dans le Dauphiné, l’union des trois ordres et le vote par tête furent acceptés dès le mois d’août 1788 par les États de la province sous la pression des insurrections locales.
Cependant il ne faut pas croire que les bourgeois qui se firent remarquer pendant les élections eussent été le moins du monde révolutionnaires. C’étaient des modérés, de « pacifiques insurgés », comme dit Chassin. En fait de mesures révolutionnaires, c’est plutôt le peuple qui en parle, puisqu’il se forme des sociétés secrètes parmi les paysans, et que des inconnus font appel au peuple pour ne plus payer d’impôts et les faire payer par les nobles. Ou bien, on annonce que les nobles ont déjà accepté de payer tous les impôts, mais que ce n’est qu’une ruse de leur part. « Le peuple de Genève s’est affranchi en un jour… Tremblez, vous, nobles ! » On voit aussi des brochures adressées aux paysans et secrètement répandues (par exemple, l’Avis aux habitants