Page:Kropotkine - La Grande Révolution.djvu/689

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Rousseau. Cependant, ce culte, malgré l’appui du gouvernement et la menace de la guillotine pour ses adversaires, se confondait avec le culte de la Raison, alors même qu’on l’appelait culte de l’Être suprême, et sous ce nom, un culte moitié déiste et moitié rationaliste continua à se répandre, jusqu’à ce que la réaction thermidorienne n’eût pris le dessus.

Quant à la fête de l’Être suprême qui fut célébrée à Paris avec grande pompe, le 20 prairial (8 juin 1794), et à laquelle Robespierre, se posant en fondateur d’une nouvelle religion d’État, qui combattait l’athéisme, attribuait beaucoup d’importance, — cette fête fut belle, paraît-il, comme représentation théâtrale populaire, mais elle ne trouva pas d’écho dans les sentiments du peuple. Célébrée d’ailleurs par la volonté du Comité de salut public, — après que Chaumette et Gobel, sympathiques à la masse du peuple, eurent été guillotinés pour leurs opinions irreligieuses, — cette fête portait trop le caractère d’une constatation du triomphe sanglant du gouvernement jacobin sur les éléments avancés du peuple et de la Commune, pour être sympathique au peuple. Et, par l’attitude ouvertement hostile de plusieurs conventionnels envers Robespierre pendant la fête même, elle fut le prélude du 9 thermidor, — le prélude de la fin.

Mais, n’anticipons pas sur les événements.