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femme, qu’il avait épousée, à l’église, immédiatement après la mort de sa première femme. Et le lendemain, 1er frimaire (21 novembre), Robespierre prononçait au club des Jacobins un premier discours, très violent, contre le culte de la Raison. La Convention, disait-il, ne ferait jamais cette démarche téméraire, de proscrire le culte catholique. Elle maintiendra la liberté des cultes et ne permettra pas qu’on persécute les ministres paisibles du culte. Puis il indiquait que l’idée d’un « grand Être qui veille sur l’innocence opprimée et qui punit le crime » était toute populaire, et il traitait les déchristianisateurs de traîtres, d’agents des ennemis de la France, qui voulaient repousser ceux des étrangers que la morale et l’intérêt commun attiraient vers la République !

Cinq jours plus tard, Danton parlait à peu près dans le même sens à la Convention, en attaquant les mascarades anti-religieuses. Il demandait qu’on y fixât une limite.

Qu’est-ce qui était arrivé pendant ces quelques jours pour rapprocher ainsi Robespierre et Danton ? Quelles nouvelles combinaisons, diplomatiques ou autres, s’offraient à ce moment, qui appelèrent Danton à Paris et l’incitèrent à se mettre en travers du mouvement déchristianisateur, lui, un vrai fils de Diderot, qui ne manqua pas d’affirmer son athéisme matérialiste jusqu’au pied même de l’échafaud ? Cette tactique de Danton est d’autant plus frappante que pendant la première moitié du mois de frimaire, la Convention ne cessa pas de voir les déchristianisateurs d’un œil favorable[1].

  1. Aulard, Histoire politique, p. 475.