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cèrent à piller les châteaux et à forcer les seigneurs à abdiquer leurs droits. À Peinier, ils obligeaient le seigneur « à passer un acte par lequel il renonçait à ses droits seigneuriaux de toute espèce » (lettre aux Archives) ; à Riez ils voulaient que l’évêque brûlât ses archives. À Hyères et ailleurs ils brûlaient les vieux papiers concernant les droits féodaux ou les impôts. Bref, en Provence nous voyons déjà dès le mois d’avril, le commencement de la grande révolte des paysans qui forcera la noblesse et le clergé à faire leurs premières concessions au 4 août 1789.

On saisit facilement l’influence que ces émeutes et cette fermentation exercèrent sur les élections de l’Assemblée nationale. Chassin (Génie de la Révolution) dit qu’en quelques endroits la noblesse eut une grande influence sur les élections, et que, dans ces localités, les électeurs paysans n’osèrent se plaindre de rien. Ailleurs, notamment à Rennes, la noblesse profita même des séances des États généraux de la Bretagne ( fin décembre 1788 et janvier 1789) pour tâcher d’ameuter le peuple affamé contre les bourgeois. Mais, que pouvaient ces dernières convulsions de la noblesse contre la vague populaire qui montait ? Le peuple voyait qu’entre les mains de la noblesse et du clergé, plus de la moitié des terres restaient incultes, et il comprenait, mieux que si les statisticiens le lui avaient démontré, que tant que le paysan ne s’emparerait pas de ces terres pour les cultiver, la famine resterait en permanence.

Le besoin même de vivre soulevait le paysan contre les accapareurs du sol. Pendant l’hiver de 1788-89, dit Chassin, il ne se passait pas un jour dans le Jura sans