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on avait un besoin immédiat d’argent, « on vendit avec fureur », dit Avenel, à partir d’août 1790 jusqu’en juillet 1791. On vendit aux bourgeois et aux paysans aisés, même à des compagnies anglaises et hollandaises qui achetaient pour spéculer. Et lorsque les acheteurs qui n’avaient versé pour commencer que 20 ou 12 pour cent du prix d’achat, eurent à payer le premier terme, ils firent tout pour ne rien payer, et très souvent il y réussirent.

Cependant, comme les réclamations des paysans qui n’avaient rien pu acquérir de ces terres se faisaient toujours entendre, la Législative d’abord, en août 1792, et plus tard, la Convention, par son décret du 11 juin 1793 (voy. chap. XLVIII), leur jetèrent en proie les terres communales, c’est-à-dire l’unique espoir du paysan le plus pauvre[1]. La Convention promit en outre que les terres confisquées des émigrés seraient partagées en lots de un à quatre arpents pour être aliénés aux pauvres, par bail à rente d’argent, toujours rachetable ; elle décréta même, vers la fin de 1793, qu’un milliard de biens nationaux seraient réservés aux volontaires sans-culottes enrôlés dans les armées, pour leur être vendus à des conditions favorables. Mais rien n’en fut fait. Ces décrets restèrent lettre morte, comme des centaines d’autres décrets de l’époque.

Et lorsque Jacques Roux vint à la Convention, le 25 juin 1793, — moins de quatre semaines après le

  1. La plupart des historiens ont vu dans cette mesure une mesure avantageuse aux paysans. En réalité, c’était priver les paysans les plus pauvres de l’unique patrimoine qui leur restait. C’est pourquoi cette mesure rencontra tant de résistance dans son application.