révolte des villes et des villages, qui donna aux représentants du Tiers dans les États généraux la hardiesse de résister au roi et de se déclarer Assemblée constituante.
La sécheresse avait fait manquer la récolte de 1788, et l’hiver était très rigoureux. Certes, il y avait eu auparavant des hivers presque aussi rigoureux, des récoltes tout aussi mauvaises, et il y avait eu aussi des émeutes populaires. Chaque année, il y avait disette dans quelque partie de la France. Et souvent elle s’étendait sur un quart ou un tiers du royaume. Mais cette fois-ci, l’espoir avait été réveillé par les événements précédents : les assemblées provinciales, les réunions de notables, les insurrections à propos des parlements dans les villes, qui se répandaient aussi (nous l’avons vu, du moins, pour la Bretagne) dans les villages. Et les soulèvements de 1789 prirent bientôt une extension et une tournure menaçantes.
Je tiens du professeur Karéeff, qui a étudié l’effet de la Grande Révolution sur les paysans français, qu’il y a aux Archives nationales de fortes liasses ayant trait aux insurrections des paysans qui précédèrent la prise de la Bastille[1].
De mon côté, n’ayant jamais pu étudier les archives en France, mais ayant consulté nombre d’histoires provinciales de cette époque[2], j’étais arrivé déjà dans
- ↑ On sait aujourd’hui que Taine, qui avait étudié les rapports des intendants sur ces insurrections, n’a consulté que 26 cartons de Rapports sur 1770 (Aulard, Taine, historien de la Révolution Française, 1907)
- ↑ Le Jura par Sommier, le Languedoc par Vic et Vaissete, Castres par Combes, la Bretagne par Du Châtelier, la Franche-Comté par Clerc, l’Auvergne par Dulaure, le Berry par Reynal, le Limousin par Leymarie, l’Alsace par Strobel, etc.