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elle nommait déjà un Comité de constitution, et ce Comité fut composé, comme il fallait bien s’y attendre, pour la plupart de Girondins (Sieyès, l’anglais Thomas Paine, Brissot, Pétion, Vergniaud, Gensonné, Condorcet, Barère et Danton). Le Girondin Condorcet, le mathématicien célèbre et le philosophe qui, dès 1774, s’occupait avec Turgot de réformes politiques et sociales, et qui fut un des premiers à se déclarer républicain après Varennes, fut l’auteur principal du projet de constitution que ce Comité déposa à la Convention, et de la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui accompagnait ce projet.

Il est évident que la première question qui s’éleva à la Convention, fut celle de savoir, auquel des deux partis qui se disputaient le pouvoir, profiterait la nouvelle constitution ? Les Jacobins voulurent en faire une arme de combat, qui leur permît d’arrêter la Révolution au 10 août. Et les Montagnards, qui ne considéraient pas l’œuvre de la Révolution comme achevée, firent tout pour empêcher la discussion définitive de la constitution, tant qu’ils n’auraient pas réussi à paralyser les Girondins et les royalistes.

Déjà avant la condamnation de Louis XVI, les Girondins avaient pressé la Convention d’accepter leur constitution, dans l’espoir de sauver le roi. Et plus tard, en mars et en avril 1793, lorsqu’ils virent surgir dans le peuple des tendances communistes, dirigées contre les riches, ils pressèrent d’autant plus la Convention d’accepter le projet de Condorcet. Ils avaient hâte de « rentrer dans l’ordre », pour diminuer l’influence que les révolutionnaires exerçaient en province par l’inter-