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Paris, firent arrêter les délégués de la Convention et chauffèrent à blanc les esprits contre les Montagnards. Le général Wimpfen, qui commandait les troupes de la République en Normandie et qui se rangea du côté des insurgés, ne leur cacha ni ses opinions royalistes, ni son intention de chercher un appui en Angleterre, et les chefs girondins ne rompirent pas avec lui.

Heureusement le peuple, en Normandie et en Bretagne, ne suivit pas les meneurs royalistes et les prêtres. Les villes se rangèrent du côté de la Révolution, et l’insurrection, vaincue à Vernon, échoua[1].

La marche des chefs girondins à travers la Bretagne dans les chemins couverts, n’osant se montrer dans les plus petites villes, où les patriotes les auraient arrêtés, fait voir combien peu de sympathie ils trouvèrent, même dans ce pays breton, où la Convention n’avait cependant pas su se concilier les paysans, et où la levée des recrues pour la guerre sur le Rhin ne pouvait être reçue avec empressement. Lorsque Wimpfen voulut marcher sur Paris, Caen ne lui fournit que quelques dizaines

  1. « L’hymne civique des Bretons, marchant contre l’anarchie », tel était le titre de la chanson des Girondins, que Guadet donne en note des Mémoires de Buzot, pp. 68-69. En voici un des couplets :

    D’un trône étayé par ses crimes,
    Robespierre, cuivré de sang,
    Du doigt désigne ses victimes
    À l’anarchiste rugissant.

    Cette Marseillaise des Girondins demandait la mort de Danton, de Pache, de Marat, et son refrain était :

    Guerre et mort aux tyrans,
    Mort aux apôtres du carnage !

    Et pendant ce temps eux-mêmes demandaient et préparaient le carnage des révolutionnaires.