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a tout fait, il est temps que le riche fasse à son tour. Je crierai qu’il faut rendre utiles, malgré eux, les égoïstes, les jeunes désœuvrés, et procurer du repos à l’ouvrier utile et respectable. »

La Gironde redoubla de haine envers la Commune qui avait lancé l’idée de cet impôt. Mais on peut imaginer l’explosion générale de haines qui éclata dans la bourgeoise, lorsque Cambon vint proposer à la Convention, et fit voter, le 20 mai, avec l’appui des tribunes, un emprunt forcé d’un milliard, à lever dans toute la France sur les riches, réparti à peu près sur les mêmes principes que l’impôt de la Commune, et remboursable sur la vente des biens d’émigrés à mesure qu’ils seraient vendus. Dans les circonstances difficiles que traversait la République, il n’y avait pas d’autre issue possible qu’un impôt de ce genre ; mais les défenseurs de la propriété furent sur le point d’assommer les Montagnards à la Convention, lorsque ceux-ci soutinrent ce projet d’emprunt forcé. On en vint presque aux mains.

S’il fallait encore des preuves de l’impossibilité de rien faire pour sauver la Révolution, tant que les Girondins resteraient à la Convention, et que les deux grands partis continueraient à se paralyser l’un l’autre, ces débats sur l’emprunt en donnèrent la démonstration éclatante.

Mais ce qui exaspérait surtout le peuple de Paris, c’est que pour arrêter la Révolution, dont Paris avait jusqu’à présent été le foyer le plus ardent, les Girondins faisaient tout pour soulever les départements contre la capitale, ne s’arrêtant même pas devant la nécessité de marcher pour cela la main dans la main avec les